Festival - SOIT DIT EN PASSANT - St Jean de Luz et alentours

Publié le par Vincent

Dimanche 14 novembre 2010.

 

Ecriture et répétitions se sont développées en parallèle, à la Halle aux cuir où nous pouvions travailler grâce à Magali Duclos, danseuse et chorégraphe de hip hop, préparant, avec mon aide et ma collaboration, son prochain solo.


Après une première phase de brainstorming avec Cristiana, une marionnettiste qui collabore avec elle depuis son premier solo, Magali me résume le résultat de leurs essais et propositions. 


Nous réfléchissons alors ensemble autour de thèmes profonds : l’enfance, le temps, l’absence (mort ou simplement absence ?) et nous essayons à la fois de comprendre les clichés imposés par ces thèmes, et la façon de les détourner pour revenir à un universel à partager – grâce à la danse, le théâtre… bref l’acte artistique sur scène, le spectacle vivant – avec les spectateurs.

Maintenant, c’est à Magali de créer les danses autour de tout le matériau que nous avons brassé, c’est à elle d’approfondir sa propre création, de se mettre en péril sur ce qu’elle sait déjà faire, et qu’il faut renouveler, pour nous surprendre, pour se surprendre elle-même et découvrir ce qu’elle ignore de sa propre expérience du plateau et des thèmes.


Thierry, le compositeur avec lequel elle travaille, est venu assister à notre dernière séance de travail, afin lui aussi de proposer à Magali un matériau musical à danser.


Une aventure à ses débuts, donc, une aventure palpitante, que je devrais retrouver entre janvier et mars prochains lorsque nous nous approcherons de la première et qu’une nouvelle création verra le jour.

 


A la Halle au cuir, nous en profitons ensuite pour préparer cette carte blanche à laquelle le Théâtre du Rivage nous invite.

Lorsque l’idée point et nous est proposée en juillet dernier, dans un élan d’hypothétique créativité, nous proposons d’écrire et de répéter deux petites formes, chacune autour d’une demi-heure, pour dialoguer avec le public de cette question parfois à nos esprits : qui suis-je ?

Voilà de l’essence dans mon moteur d’auteur !


Des choses à dire, il y en a.


Des choses à écrire, il y en a aussi.


Mais là, il s’agit d’en faire théâtre !


Et toujours il faut se redemander ce qu’est le théâtre. Ce qu’est une écriture pour le théâtre.

Ce n’est pas qu’écriture.

Ce n’est pas une langue.

Ce n’est pas une poésie.


Il faut, je crois et je le crois fermement, que le mot écrit soit un matériau à jeu pour l’acteur.

Sinon, il n’est que littérature, et la littérature est destinée aux pages blanches des éditeurs, à l’esprit de silence et de solitude de la lecture du lecteur.

Là, il faut écrire des mots pour l’esprit de fête et de partage du spectacle vivant. Des mots à théâtre.


C’est ce que j’ai tenté de réaliser, et c’est cela qui a pris du temps et du labeur. Et un passage permanent de critique et d’insatisfaction de ce que je produisais.

Ah oui, je sais écrire, produire des mots pour énoncer des idées clairement mais ce n’est pas cela être auteur. Ce n’est pas cela, n’en déplaise à  cet esprit français où chacun se pense auteur. Aucun génie de l’écriture  prétendrait ne pas avoir donné des heures d’un labeur violent pour parvenir à l’œuvre indépassable.


Je ne prétends à aucun génie, rassurons-nous. Mais à une proposition vivante pour le théâtre, une proposition réussie, et c’est, je crois, ce que je suis parvenu à écrire.


Au fil des répétitions, chaque jour, Mélanie et moi avons découvert comment jouer ce texte, comment l’interroger, le partager, le dialoguer avec nous-mêmes et avec les spectateurs devant nous. Nous avons ri, trouvé des trouvailles, et Mélanie m’a poussé à ne pas abandonner non plus cette deuxième forme que je négligeais par paresse, ou par crainte de ne pas parvenir à quelque chose d’intéressant. Mais cette deuxième forme a aussi vu le jour, et nous voilà, avec nos deux petits projets sous le bras, dans le train fusant vers St Jean de Luz où nous allons retrouver nos compagnons de route théâtrale.


Une grande joie me remplit véritablement.


Nous y voilà.


En Compagnie des Hommes.


Publié dans et-soudain-plus-rien

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