Je hais les symboles et toutes cette merde médiévale

Publié le par Vincent

C'est par cette phrase que la jeune femme de Hey girl, le dernier spectacle de la Societas Raphaello Sanzio, balaie les clichés qui l'empêchent de devenir elle-même et de trouver l'Autre.

Je me permettais, il y a quelques jours, d'inviter ceux qui le pouvaient à se déplacer jusqu'aux ateliers Berthier pour voir la dernière production de Roméo Castellucci et de la Societas. J'ai, moi-même, suivi mon conseil et je suis allé deux fois, vendredi et samedi derniers, assister - le plus juste serait de dire : expérimenter - à Hey girl.

J'en suis ressorti sous le choc. Rarement un spectacle m'aura autant bouleversé, transporté, sonné...

Déjà, c'est un spectacle qui s'adresse aux sensations et se refuse à l'intellect, et en cela Castellucci poursuit sa volonté de ne pas prendre sur le spectateur le pouvoir par le Sens. A chacun d'en produire, grâce à l'expérience scénique proposée, grâce à son propre imaginaire, son propre vécu, et l'on ressort nécessairement du spectacle en ayant vécu une histoire unique qu'un autre spectateur aura comprise différemment. Et c'est une des grandes forces de ces discussions d'après représentation : à l'instar du spectacle, elles sont véritablement échanges, dialogues avec l'Autre, enrichissement personnel et mutuel.On ressort donc changé, ou en cours de changement, de transformation intérieure, sous l'effet de l'oeuvre d'un alchimiste subtil.

Difficile d'évoquer les images, les sons, les sensations, mais ce spectacle commence avec l'éclosion d'une jeune fille s'extrayant d'un cocon de chair molle, coulante, dans la lumière froide d'un néon clignotant, et s'achève dans le silence et l'obscurité, et le bruit simple et évident du pas d'une jeune femme portant des chaussures à talons qui claquent sur le béton froid et dur.

Entre ces deux moments, de la grâce, de la révolte, de la tendresse, de la recherche de l'Autre, de l'amour, à travers le prisme de soi-même, à travers les clichés imposés par la société - toute cette merde médiévale ! - à travers l'art, l'Autre comme un alter ego inaccessible, l'Amour comme aliénation, esclavage, puis comme perfection, annonciation aussi, retournement des valeurs...

Je n'en dirai pas plus, il faut voir ce spectacle.

 

Publié dans et-soudain-plus-rien

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