Face à l'absurdité du monde

Publié le par Vincent

Faire du théâtre pour produire du sens.

Non pas un sens qu'on imposerait au spectateur comme une volonté divine et didactique, non, produire du sens qui échappe aux acteurs eux-mêmes. C'est possible, c'est ce que parvient à faire Roméo Castellucci dans ses mises en scène. J'invite d'ailleurs chaque personne qui me lit à s'empresser d'aller voir son prochain spectacle à Paris, aux Ateliers Berthier : Hey Girl !

La contradiction violente qui surgit chez l'homme absurde - au sens où Camus le définit, c'est-à-dire l'homme conscient de l'absurdité de sa condition dans un monde sans dieu, un homme conscient et qui ne cherche pas à fuir cette conscience, qui lui fait face - la contradiction qui surgit c'est de vouloir produire du sens alors même que l'existence n'en a pas.

De ce point de vue, il s'agit de lancer des mensonges à la face du monde. Comme une révolte dont je me demande si elle n'est pas un peu puérile.

Produire du sens, c'est donc un mensonge conscient qu'on se fait à soi-même. Et le simple fait de se mentir sciemment est un exercice de style des plus périlleux puisqu'il faut jouer sans cesse à croire à ce mensonge. Comme l'acteur sur scène qui doit croire aux mensonges de l'auteur.

Ce serait un peu comme faire le choix rationnel de croire en Dieu, sans avoir pris la peine d'avoir la foi. Et malgré cela, aller dans les églises chanter les cantiques et prier. Et cela en sachant que Dieu n'existe pas et qu'on y croit pourtant. Ce serait absurde.

Et contre cela, il faut très très vite produire du sens...

Publié dans et-soudain-plus-rien

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