La timidité du premier pas
Il y a, je suppose, plusieurs questions auxquelles il faudrait que je réponde avant de commencer quoi que ce soit ici, ne serait-ce que l'essentiel : pourquoi ce blog et pourquoi ce titre ?
Je pense que toutes les réponses que j'attends - et que vous attendrez peut-être aussi - vont émerger petit à petit.
Ce qui est sûr, c'est que l'expérience que je traverse depuis deux ans et pour encore dix mois est unique, et que j'ai besoin et envie, à la fois de la partager et de la fixer par écrit ; cela devrait m'aider à y voir plus clair aussi puisqu'il s'agira d'être dans un processus permanent de recherche artistique, que le champ de cette expérience est l'art dramatique dans son ensemble - l'art de l'acteur, l'art de la mise en scène, l'art de l'écriture dramatique - et que l'expérience pédagogique proposée par Anatoli Vassiliev et accueillie par l'Ensatt à Lyon est exceptionnelle et radicale.
Pour la résumer factuellement : 3h d'arts martiaux tous les matins (du lundi au vendredi, Kung Fu et Tai Chi) puis une dizaine d'heures de travail qui dépendent de la présence ou non d'Anatoli Vassiliev en France. Pour simplifier, il est présent un mois sur deux à l'Ensatt. Lors de ses séjours, nous travaillons avec lui de 14h à 23h et l'explication de ces séances de travail fera l'objet d'un autre article (mais vous pouvez en découvrir la substance dans un livre de Stéphane Poliakov paru en juin chez Actes Sud papier : Anatoli Vassiliev, l'art de la composition). En son absence, nous avons beaucoup de travail personnel et collectif - nous sommes 17 metteurs en scène et acteurs, travaillant les uns pour les autres et dans nos propres projets - pour préparer ce que Vassiliev nous a demandé de lui présenter à son retour. A ces heures de travail personnel s'ajoutent des cycles de conférences : la première année, nous avons abordé les formes traditionnelles de théâtre de l'orient à l'occident (et pour les appréhender au plus juste, il a fallu étudier la philosophie, la civilisation et la religion de chaque pays) et la deuxième année, les trois grands monothéismes. Ces conférence ont évidemment pour objet de nous donner une grille de lecture la plus complète possible d'une oeuvre dramatique que nous souhaiterions porter à la scène.
Ouf ! Cela fait déjà beaucoup d'informations à lire pour une première fois et je crains que ce ne soit déjà un obstacle pour vous, lecteur hypothétique.
Bien sûr, il faudrait aussi que je me présente, que je livre quelques détails sur mon parcours, ma vie, etc... Je le ferai, je le ferai...
Quant à la photo qui commence cet article, elle a été prise à Moscou, la nuit de Pâques 2006 (dans le calendrier orthodoxe). Pour moi, elle montre la solitude de l'être humain face à la foi et me semble tout indiquée pour le début d'un blog. Le théâtre est ma religion, l'art, ma quête, et l'écriture, une tentative probablement désespérée pour formuler et transmettre une expérience personnelle.